La Levade du Diable

Ces textes sont la propriété de la Commune de Pradines (Corrèze) 

La Levade du Diable, la légende.

Autrefois, au château de Reygnac, vivait un seigneur qui voulait à tout prix conduire l’eau vive du torrent de Pradines devant sa demeure. Malheureusement la disposition des lieux et la différence d’altitude ne lui permettaient guère de réaliser son projet. Après avoir dépensé beaucoup d’argent et de guerre lasse, il s’écria : « Personne que le Diable ne peut faire ce travail ».

Le même jour dans l’après-midi, comme notre seigneur se promenait dans le bois de la Pâle, un Homme élégant s’avança vers lui. Il portait un costume rouge, sa tête était couverte d’un petit chapeau vert surmonté d’une grosse plume rouge. Ses bottes démesurément hautes, étaient terminées par un pied de cheval. Le seigneur qui avait oublié ses paroles du matin est saisi d’épouvante.

Satan, car c’était lui en personne, comprenant sa frayeur, dit : « Rassurez-vous, mon bon ami, je suis celui que vous avez invoqué ce matin. Vous avez donc besoin de moi, Parlez je vous écoute.

Monseigneur, répond le Baron, je voulais conduire l’eau de ce torrent devant la porte de mon château, mais tous mes efforts ont été vains.

Vous voulez donc, au moyen d’un canal, détourner le cours d’eau ?

Oui, mon seigneur

Ah ! Ah ! fit Satan. C’est facile, pour cela, nous avons un marché à conclure : donnez-moi l’âme des 3 premières personnes qui se serviront de l’eau    que je vous conduirai. Si vous acceptez, votre canal sera construit demain matin avant que le coq ait chanté.

Marché conclu, dit le Baron.  »

Il rentra chez lui, en fait part à la Baronne qui décida d’aller voir le curé de Grandsaigne. Le récit du Baron remplit d’épouvante le Saint Homme qui fait appeler le sacristain et lui recommande d’aller en hâte convoquer tous les paroissiens, pour une procession extraordinaire qui doit avoir lieu cette nuit même. De toute part, arrivent des gens endimanchés, les fidèles prennent place dans l’église pour entendre le sermon du vénérable curé. Après les ferventes prières, alors que l’horloge du presbytère venait de sonner 9 heures, la procession se met en marche, lentement et sans bruit, et, se dirige vers le bois de Pâle pour aller attendre Satan. Les fidèles suivent la croix que portent 4 hommes vigoureux. Le curé ordonne aux hommes de former un grand cercle au milieu duquel prendront place les enfants et les femmes, et d’attendre les évènements.

La lune venait à peine de se lever lorsqu’un bruit étrange se fait entendre dans le bois, et tout près d’eux.

C’était le diable, marchant triomphalement, et derrière lui l’eau du torrent qui coulait dans un large et beau canal. A la vue de tout le monde, Satan s’arrête sur un rocher et attend.Le vénérable curé, revêtu de l’étole et armé de l’aspersoir, s’avance vers lui. Au contact de l’eau bénite, Satan fait une hideuse grimace et, voyant qu’il ne peut plus avancer, il frappe le rocher d’un formidable coup de pied et disparait et le canal s’arrête là !

Aujourd’hui encore, on montre un rocher sur lequel on trouve gravé une empreinte du pied de cheval, et sur le bord du torrent un éboulis de roches indiquant le passage du canal.